Vous avez sans doute entendu les médias se féliciter du fait que, désormais, le Code civil cessait de considérer les animaux comme des meubles en leur reconnaissant le statut d’être doué de sensibilité. Que ce soit dans Libération ("Les députés valident le changement de statut des animaux") ou le Figaro ("Les animaux ne sont plus des «meubles»"), l'information a bien évidemment été diffusée de manière incomplète avec des raccourcis inexacts...
Désolé pour les amoureux des bêtes, mais le petit toutou à sa mémère ou le mignon chaton sont toujours considérés comme des meubles ! Un chien ou une table, un chat ou une voiture ... même combat ou presque. En effet, le projet de loi (qui n'est toujours pas en vigueur contrairement à ce que laissaient entendre la plupart des journaux) ajouterait uniquement au Code Civil un article qui serait rédigé ainsi :
Tout d'abord, comme le souligne assez justement Me Eolas dans un article consacré au sujet, ce texte n'a rien de nouveau puisque le Code rural indique déjà dans son article L214-1 que l'animal est "un être sensible". Contrairement à ce que vous annonçaient vos hebdomadaires préférés, il n'y a donc aucune nouveauté !
Ensuite, si ce texte entrait en vigueur un jour, il mériterait d'être décortiqué :
Désolé pour les amoureux des bêtes, mais le petit toutou à sa mémère ou le mignon chaton sont toujours considérés comme des meubles ! Un chien ou une table, un chat ou une voiture ... même combat ou presque. En effet, le projet de loi (qui n'est toujours pas en vigueur contrairement à ce que laissaient entendre la plupart des journaux) ajouterait uniquement au Code Civil un article qui serait rédigé ainsi :
Art. 515-14. – Les animaux sont des êtres vivants doués de sensibilité. Sous réserve des lois qui les protègent, les animaux sont soumis au régime des biens corporels.Il faut savoir que ce texte est apparu à la suite d'un amendement déposé le 11 avril 2014 devant l'assemblée nationale dans le cadre de l'examen d'un projet de loi sur la "modernisation et à la simplification du droit et des procédures dans les domaines de la justice et des affaires intérieures". Aucun rapport avec les animaux me direz vous... et vous auriez raison. Parler de la sensibilité des animaux n'a pas grand chose à voir avec la modernisation ou la simplification du droit... mais bon, l'essentiel n'est pas là !
Tout d'abord, comme le souligne assez justement Me Eolas dans un article consacré au sujet, ce texte n'a rien de nouveau puisque le Code rural indique déjà dans son article L214-1 que l'animal est "un être sensible". Contrairement à ce que vous annonçaient vos hebdomadaires préférés, il n'y a donc aucune nouveauté !
@alapucealoreille |
- premièrement, le texte vise tous les animaux. Il n'y a donc aucune distinction entre animal domestique, d'élevage ou sauvage. Donc, le chien, le cochon et le loup sont tous considérés comme des bébêtes sensibles ! Et puis, j'ai arbitrairement pris l'exemple de trois mammifères, mais j'aurais pu aussi bien parler de poissons, d'araignées, d'oiseaux ou d'insectes qui sont tous des animaux ... je frémis en pensant à la sensibilité d'une truite, d'une vipère, d'un pigeon ou d'un ver-de-terre !
- deuxièmement, le texte explique qu'un animal est un être vivant. Quelle révélation ! On se doute bien qu'un animal mort est beaucoup moins sensible (pour autant le texte n'encourage pas la zoophilie nécrophile).
- troisièmement, et c'est là l'essentiel semble-t-il, l'animal est considéré comme ayant une sensibilité. D'accord, mais cela signifie quoi ? Selon le Larousse, le terme "sensibilité" désigne aussi bien une "aptitude à réagir à des excitations externes ou internes" qu'une "aptitude à s'émouvoir, à éprouver des sentiments d'humanité, de compassion, de tendresse pour autrui". Alors de quoi parle-t-on ? De l'intelligence de l'animal, de sa capacité à avoir des sentiments ou seulement du fait qu'il peut capter un stimulus et y répondre. Pour le savoir ... passez votre chemin, le texte ne nous en dira pas plus !
D'après le juriste Jean-Marc Neumann spécialisé dans le droit des animaux, l'article du code civil ne s'appliquerait pas aux animaux sauvage.
RépondreSupprimerC'est dans cette interview : http://www.lemonde.fr/planete/article/2014/04/16/les-animaux-reconnus-comme-des-etres-sensibles-un-pas-totalement-symbolique_4402541_3244.html
Un adage latin dit "Ubi lex non distinguit, nec nos distinguere debemus" (du latin, ça en jette non ?) ce qui signifie : là ou la loi ne distingue pas, il ne faut pas distinguer. Dans le cas du projet de modification du Code civil, la loi n'exclut pas les animaux sauvages, donc sauf erreur de ma part, ils font partie de ces animaux dits "sensibles".
SupprimerCertes, mais qui nous dit qu'il n'existe pas ailleurs dans la loi un autre article restreignant le champ d'application de celui-ci ? Après avoir lu le texte de Neumann, j'ai pensé qu'il existait quelque part un article disant que les animaux sauvages était du seul ressort du code de l'environnement, mais je ne l'ai pas trouvé.
SupprimerDe plus, il me semble bizarre que les animaux sauvages tels que les requins puissent être soumis au régime des biens corporels. Comment savoir à qui appartient un poisson ou un ver de terre ?
Enfin, j'ose espérer que même si la loi ne distingue pas les humains (*) et les animaux non-humains, le juge fera cette distinction.
(*) qu'on classe en général parmi les animaux plutôt que les végétaux ou les champignons
L'Habeas Corpus s'applique aux "personnes" pas spécifiquement aux "humains". Les chimpanzés sont-ils des personnes ?
RépondreSupprimerhttp://www.7sur7.be/7s7/fr/1505/Monde/article/detail/2080521/2014/10/09/Les-chimpanzes-sont-ils-legalement-des-personnes.dhtml